L'autostoppeur

Ce n'était pas la première fois que je le voyais sur ma route en rentrant du boulot.

Il marchait d'un pas décidé et rapide, sur le côté droit, le pouce gauche bien tendu, et une sacoche sous le bras droit.
C'est un drôle de personnage : tout fin, la cinquantaine, de grosses lunettes, habillé d'un gilet jaune fluo, par dessus un Tshirt aux manches trop grandes et un bermuda qui lui arrive au dessus des genoux... Par tous les temps, quelle que soit la température.

Ce soir-là, il me semble qu'il avait un Kway. Et c'est parce qu'il pleuvait que j'ai eu pitié, et que je me suis arrêtée.

Par la suite, je l'ai aussi pris dans l'autre sens, le matin, mais plus souvent le soir. Même Balotin, maintenant, lui fait faire un petit bout de chemin quand il le croise...

Très sympathique, dans la voiture, il nous raconte sa vie, en répondant à nos questions intriguées.
Il est toujours habillé ainsi, même par -10°. Il n'a pas remis de pull depuis 1980. Il dit que c'est une question d'habitude, que nous sommes tous des hommes de Cromagnon, et que le corps s'adapte. Chez lui, il fait parfois 6°. Il n'a pas de chauffage, et se lave à l'eau froide.

Je vous le disais, que c'est un drôle de personnage.
(On n'a pas osé lui poser la question, mais on pense qu'il n'a ni femme ni enfant)

Il habite un bled encore plus paumé que le nôtre, un peu plus loin, et travaille à la Défense.
Il préfère faire du stop pour partir à l'heure qu'il veut et rentrer à l'heure qu'il veut. Mais il varie les plaisirs : tantôt il prend le train (mais ce mode de transport "le déçoit beaucoup"), et alterne bus et stop... Ses trajectoires sont aussi très variées.
A priori, il n'a pas vraiment de contraintes à son travail, mais il respecte quand même la plage fixe imposée.

"Il est libre Max"...

Mais au fait, je ne connais même pas son nom ?