L'envol du deuxième Piou-Piou n'a pas été aussi évident que celui du premier.
Je veux bien sûr parler de Nicolas.
Souvenez-vous, le 18 avril dernier, nous avions visité le centre de la Reine Fabiola pour préparer son orientation future...
Mais nous avions le temps, il n'intègrerait pas ce centre avant un an ou deux.
En attendant, il était prolongé dans son école. Malgré ses 21 ans passés !
Quelle ne fut pas notre surprise à notre retour de vacances fin juillet de recevoir un courrier de Belgique nous informant que Nicolas était admis le 8 octobre prochain !
Ma réaction : Déjà ? Mais je ne suis pas prête !
J'ai attendu la fin de ses vacances (après la Corrèze, Valras avec Tata et les cousins, le Puget avec Marraine...) pour le lui annoncer dans le TGV. Il a dit "Non !" mais il est vite retourné à ses occupations.
Mardi 24 septembre 2014
Nous avons rendez-vous au Centre Reine Fabiola pour la visite de pré-admission, à 16 heures.
Nicolas ne veut pas y aller. Il traine à table, ne veut pas mettre ses chaussures, nous l'embarquons pieds nus dans la voiture, il s'habillera à l'intérieur !
La route est belle, nous arrivons en avance.
Nous sommes accueillis au centre social comme en avril. Suzanne est là. Nicolas est rassuré. On lui présente Léonce, la responsable administrative et Michel son référent social.
Nicolas est tout de suite à l'aise, et expose tout ce qu'il sait, et notamment en géographie. Sur la carte de France qui couvre le mur, il montre tous les endroits où il est allé en vacances : la Corrèze, Valras, Fréjus... Il explique que sa marraine habite à Brest, et il le montre aussi sur la carte. Il repère aussi très bien la Belgique.
Léonce lui explique qu'il va signer un contrat pour se mettre d'accord sur son hébergement au centre.
Et là, Nicolas l'interroge, l'oeil coquin : "Sérieux ?"
Léonce poursuit : "ce contrat explique 3 choses :
1- toutes les personnes du centre travaillent dans la journée
2- il est interdit d'être agressif ou violent
3- à tout moment tu peux bénéficier d'une écoute de tes éducateurs ou du service psychologique"
Et là, Nicolas avec un grand sourire lui rétorque : "Réponse 3 !"
Léonce s'est dit alors qu'on n'allait pas s'ennuyer avec lui...
Vient alors le moment de signer. Tout le monde doit signer, Nicolas le premier.
Il prend sa plus belle plume et commence à inscrire N... Quand tout à coup Michel s'adresse à lui (qu'est-ce qu'il lui prend à celui-là?) : "Nicolas, si tu signes, ça veut bien dire que tu es d'accord pour venir vivre chez nous en Belgique !"
Et là, catastrophe ! Nicolas lâche le stylo et répond "Non !"
Pas de panique, nous reprenons la discussion avec lui, calmement : Pourquoi non ? Je veux retourner à l'école ! Mais l'école c'est fini... Tu y restournes 15 jours et après tu viens ici...
Bon, finalement, Nicolas se ravise, reprend le stylo et s'applique pour inscrire sa plus belle signature. Suzanne le prend en photo. Nous aussi nous signons. J'ai l'impression d'être à la mairie lors d'une cérémonie de mariage. Mais c'est un moment très important pour la vie de notre fils !
Puis nous allons visiter le foyer, là où Nicolas aura sa vie, sa chambre, sa nouvelle famille en quelque sorte avec cette nouvelle communauté...
Sur le chemin, je discute avec Suzanne du moment de la signature où nous avons tous eu très peur. Elle nous raconte que c'est déjà arrivé qu'un futur résident refuse de signer. Du coup cela a décalé son intégration de quelques mois, le temps qu'il se décide. Pour elle, c'est très positif, cela prouve que Nicolas a signé en connaissance de cause.
Nous arrivons au foyer "Les Tourelles". Ce n'est pas le même que celui que nous avions visité en avril. Le cadre est très beau :
Il est divisé en 4 maisons pour constituer des groupes de 6 à 7 personnes... Ce qui donne un cadre plus intime, plus familial encore...
Puis Igor, le directeur du foyer, nous reçoit. Il nous fait visiter et nous invite dans son bureau pour faire parler Nicolas, connaître ses goûts (qui seront essentiellement culinaires et footbalistiques), ses compétences (il a pu constater que Nicolas se repérait très bien dans l'espace et dans le temps)...
Nicolas est aux anges, on ne parle que de lui !
Suzanne et Igor prennent tout leur temps avec nous. Dans 15 jours, il faudra faire vite, alors c'est le moment de poser toutes les questions !
En partant Nicolas va dire au revoir aux pensionnaires (avec qui il a beaucoup parlé foot, vu qu'il avait mis son beau maillot de l'OM).
Mardi 8 octobre 2014
Nous avons rendez-vous au Centre Reine Fabiola pour la visite de pré-admission, à 16 heures.
Nicolas ne veut pas y aller. Il traine à table, ne veut pas mettre ses chaussures, nous l'embarquons pieds nus dans la voiture, il s'habillera à l'intérieur !
Au dernier moment, il veut bien emporter sa PSP, sa Game Boy et les jeux qui vont avec...
Il y a beaucoup de monde sur l'A86 et l'A1, nous arrivons en retard.
J'ai une boule dans la gorge durant tout le trajet. Heureusement, c'est moi qui conduis, ça me permet de moins cogiter.
En arrivant au centre, on se sent tout de suite bien, avec toute cette verdure, ces vaches, ses jolies maisonnettes !
Un bref passage au centre social, avec Léonce et Suzanne, et nous arrivons au foyer. Dans sa chambre, nous déposons les valises, vidons 2 sacs (avec tous les vêtements marqués à son nom... oui, j'ai fait de la couture sur tout le trousseau !). Un rapide câlin d'adieu...
Nicolas râle un peu... puis est vite pris en charge par les éducateurs qui lui présentent ses nouveaux colocataires.
Nous partons vite. Igor nous raccompagne et nous dit que c'est le pire moment.
Je confirme.
Nous avons le coeur gros au retour, Fabrice et moi. Partagés entre le sentiment d'avoir fait le meilleur choix pour notre enfant, et celui de l'avoir poussé hors du nid.
Epilogue
Nous appelons Nicolas deux fois par semaine. Tous se passe très bien. Il paraît qu'il est souriant, à l'aise avec tout le monde. Il s'est fait un copain, Mike (j'imagine Mike Delfino...)
Son premier stage se passe bien aussi. Nicolas est en période d'essai pendant 3 mois, où il va faire 3 stages dans 3 ateliers différents. Pour commencer, il est à l'atelier de céramique (ils ont choisi cet atelier pour lui car l'IME leur avait signifié que Nicolas était très méticuleux et habile)
D'ailleurs, si vous le souhaitez, vous pouvez acheter les objets qu'il fabrique, sur le site :
http://www.laparapette.com/
Nicolas nous parle de ses amoureuses : Marie-Rose, puis Nadia... Quel coeur d'artichaut !
Bref, nous sommes rassurés, il a l'air heureux.
Et ce qui m'a fait vraiment plaisir, c'est la petite phrase d'un de ses éducateurs au téléphone :
"On est heureux de l'avoir avec nous"
Moi je dis, les Belges nous donnent une grande leçon d'humanité !
2 commentaires:
Très beau récit, merci de nous faire partager ce moment fort de votre vie de famille.
Bravo aux belges pour leurs centres et leurs éducateurs... et à vous tous d'avoir su vous résoudre à cette solution.
Et surtout bonne continuation à Nicolas dans sa nouvelle vie en Belgique !
Bises
Virginie et ses trésors
C est vrai ils sont forts les belges pour l intégration des enfants différents.... Mais ce qu il faut retenir c est que vous avez su amener Nicolas a être un adulte, c est la clé de son bonheur! Bravo a vous et bonne route a Nico!
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